Je suis le dernier juif by Chil Rajchman

Je suis le dernier juif by Chil Rajchman

Auteur:Chil Rajchman [Rajchman, Chil]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-06-13T16:00:00+00:00


12

Les Juifs d'Ostrowiec sont conduits, de nuit, aux chambres à gaz. Ils résistent. Mathias, le commandant du camp, est blessé… Une nouvelle distraction. On se bat dans les chambres à gaz.

Jusqu’au 15 décembre, les convois sont arrivés régulièrement, a raison d’environ dix mille personnes par jour. Si un convoi parvenait à Treblinka après six heures du soir, ses occupants n’étaient en général pas gazés le jour même. Le train attendait à la gare de Treblinka et n’entrait que le lendemain matin dans le camp.

Le 10 décembre, un convoi de Juifs d’Ostrowiec stationnait à la gare et le commandement du camp fut informé que, le lendemain matin, un nouveau transport allait arriver à Treblinka. Le commandant a ordonné que l’on fasse entrer les Juifs d’Ostrowiec de nuit dans la chambre à gaz. Ainsi fut fait. Nous étions enfermés dans les baraques et nous n’avons rien vu. Nous avons seulement entendu les cris habituels.

Mais quand nous nous sommes rendus au travail le lendemain matin, nous avons découvert les traces des événements de la nuit. Les rampiazhes ont ouvert les portes des chambres à gaz et ont commencé à sortir les cadavres. Les porteurs les ont déplacés jusqu’aux fosses. Cette fois, les porteurs et les nettoyeurs de la colonne dite du Schlauch ont eu à accomplir une tâche inédite.

Le couloir du bâtiment qui abritait les trois petites chambres à gaz était jonché de cadavres. Il y avait du sang coagulé jusqu’à hauteur des chevilles. Nous avons appris ce qui s’était passé par les Ukrainiens. Un groupe de quelques dizaines d’hommes avait refusé d’entrer dans la chambre à gaz. Ils avaient résisté et, entièrement nus, ils avaient usé de leurs poings pour se battre et ne s’étaient pas laissé enfermer. Les SS avaient alors fait feu avec leurs fusils automatiques dans le couloir et avaient descendu les résistants sur place.

Les porteurs ont sorti les cadavres, les nettoyeurs ont lavé le couloir. Comme d’habitude, les peintres ont repassé une couche de chaux contre les murs maculés du sang et de la cervelle des suppliciés. Le bâtiment était à nouveau prêt à accueillir de nouvelles victimes.

Le commandant Mathias est alors venu nous voir, nous, les dentistes, et il a dit au Dr Zimerman, notre chef de groupe : « Docteur, ces types ont essayé de frauder ! »

Mathias était vraiment blessé et il était encore sous le choc. Il n'arrivait pas a comprendre pourquoi ces Juifs ne s’étaient pas laisse tuer de bonne grâce, il trouvait cela anormal.

Ce jour-là fut particulièrement éprouvant. Un autre convoi arriva très vite et le hasard voulut qu’il y eût beaucoup de fausses dents et de couronnes à extraire.

Quand on avait traite une partie des cadavres, on rassemblait les dents dans deux récipients et deux des dentistes les emportaient au bassin. Ils les rinçaient avant de nous les déposer pour la suite du travail. Dans notre cabane, il y avait en permanence une réserve de dents et si on n’avait pas nettoyé le sang et les restes de gencives qui y étaient collés, elles auraient fini par empester.



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